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Huile essentielle d’orange douce : acaricide, insecticide et fongicide

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Spectre d’efficacité et cultures envisageables

Propriétés : c’est une substance naturelle « trois en un » obtenue par un procédé mécanique de pressage ou de raclage à froid. Les terpènes présents dans les huiles essentielles (HE) d’agrumes (orange, citron, pamplemousse) sont reconnus pour leur pouvoir asséchant. Comme d’autres HE (eucalyptus citronné Eucalyptus citriodora, arbre à thé Melaleuca alternifolia, origan sauvage Origanum compactum, sarriette des montagnes Satureja montana, giroflier Syzygium aromaticum, thym commun Thymus vulgaris…), l’huile essentielle d’orange douce à Citrus sinensis possède des propriétés fongicides. C’est également un acaricide et un insecticide. Elle assure ainsi une protection complète des cultures, en plein air comme sous serre. Sa persistance d’action est de 7 à 10 jours, mais sa volatilité permet de l’appliquer à l’approche de la récolte en productions légumières, aromatiques ou fruitières.

Mode d’action et cibles : elle assèche la cuticule des acariens et des insectes à corps mou, jeunes ou adultes (aleurodes, cercopes, cicadelles, pucerons, psylles, tigres, thrips…). Exposés à une perte de liquides organiques, ces ravageurs meurent rapidement. L’exosquelette se dessèche, les ailes des spécimens volants perdent leur couche protectrice et leur tension. On observe également un lessivage du miellat sécrété par les insectes piqueurs-suceurs de sève. Lorsque ce produit est utilisé comme fongicide, il dessèche les membranes protectrices des mycéliums superficiels (hyphes), des sporanges et des spores d’oïdiums, de rouille blanche et de mildious. Les tissus végétaux infectés peuvent également s’assécher, empêchant la propagation des maladies.

Principales cultures concernées : en horticulture ornementale, l’huile essentielle d’orange douce est autorisée contre les aleurodes des cultures florales, des plantes vertes et du rosier, ainsi que contre la rouille blanche du chrysanthème, les oïdiums des arbres et arbustes, du rosier et des cultures florales.

Efficacité : ce produit de contact protège uniquement les parties aériennes des végétaux. De bons résultats sont obtenus contre les acariens nuisibles (Tetranychus urticae, Panonychus ulmi, phytoptes Eriophyidae responsables d’érinoses), les aleurodes (Bemisia tabaci, Trialeurodes vaporariorum), les thrips (Thrips tabaci, Frankliniella occidentalis), les cicadelles et flatides (Metcalfa pruinosa, Empoasca vitis), certaines cochenilles, psylles et tigres, ainsi que les larves du carpocapse des pommes et poires. L’huile essentielle d’orange douce limite également les dommages causés par les rouilles blanches, les oïdiums et les mildious. En cultures ornementales, une intervention polyvalente peut se montrer rentable en un seul passage lorsqu’elle cible plusieurs bioagresseurs, comme l’oïdium et les thrips du rosier sous abri ou les acariens, les thrips et la rouille blanche du chrysanthème.

Facteurs d’efficacité : effectuer le traitement à la dose homologuée dès détection des premiers signes de présence du bioagresseur et renouveler après 7 à 10 jours si nécessaire. Les meilleures performances s’obtiennent sur une végétation sèche (car l’eau de surface dilue la concentration de produit), avec un volume de bouillie faible ou moyen, en pulvérisant tôt le matin ou tard le soir, de façon homogène sur les deux faces des feuilles, les ramifications et les tiges. Toutefois, à moins de rencontrer des conditions climatiques extrêmes, en cas de stress hydrique ou pendant une phase très sensible de la croissance végétative, les traitements en pleine journée sont réalisables avec succès. Il est déconseillé d’arroser la culture par aspersion tant que le traitement n’a pas séché sur les plantes. Ensuite, les précipitations ou les irrigations par aspersion ont peu d’influence sur l’efficacité du traitement.

Préparation de la bouillie : l’huile essentielle d’orange douce est soluble et miscible. Elle se dissout et se mélange facilement. Pour éviter une formation excessive de mousse, on l’ajoute toujours en dernier dans la cuve du pulvérisateur, lorsque celle-ci est presque pleine.

Phytotoxicités : en général, aucune brûlure n’est constatée sur les tissus végétaux, mais pour éviter tout risque, respecter les indications figurant sur l’étiquette du produit, notamment la dose autorisée, le volume de bouillie et l’homogénéité de la pulvérisation. Il convient également d’être prudent vis-à-vis des mélanges avec d’autres produits phytosanitaires et engrais, car certaines espèces ou variétés cultivées peuvent y être sensibles. L’utilisation conjointe avec des doses élevées de soufre ou de cuivre est déconseillée, tandis que l’adjonction d’huiles ou d’adjuvants est proscrite. En cas de doute, notamment au stade jeune plant, en période de floraison ou de fructification, mieux vaut tester le traitement sur une petite surface avant de le généraliser à l’ensemble de la culture.

Expérimentations  : d’après plusieurs résultats d’essais obtenus en viticulture sur l’oïdium et le mildiou, l’huile essentielle d’orange douce a un effet rapide d’assèchement des spores et du mycélium, mais son action est de courte durée. Il est donc recommandé de l’utiliser en mélange avec d’autres fongicides, en réduisant les doses de chacun des produits associés (par exemple, une demi-dose de soufre + huile essentielle d’orange douce pour lutter contre l’oïdium). Ce type de préparation contribue à la gestion des risques de résistance fongique à l’égard de certains produits anti-mildious ou anti-oïdiums chimiques de synthèse. Le mélange d’huile essentielle d’orange douce et de cuivre permet de réduire les quantités de ce fongicide minéral selon les recommandations de l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) qui fixe la limitation annuelle de cuivre à 4 kg ha/an, pour préserver la richesse spécifique et l’abondance des vers de terre dans les sols. Selon diverses expérimentations menées en départements viticoles, l’association cuivre + huile essentielle d’orange douce montre dans certains cas un gain d’efficacité sur jeunes feuilles ou grappes par rapport à l’application du cuivre seul, mais sans différence significative après analyse statistique.

Toxicologie et respect de l’environnement : attention aux risques de lésions oculaires graves en cas de contact avec les yeux, de sensibilisation avec la peau ou de toxicité aiguë par inhalation. L’huile essentielle d’orange douce est toxique pour les organismes aquatiques et implique le respect de zones non traitées de 5 m (cultures florales) à 20 m (arbres et arbustes) à proximité des points d’eau. Pour respecter les abeilles et les autres insectes pollinisateurs, il est important ne pas traiter pendant la floraison de la culture et des adventices, ni en période de production de miellats. Mais en lutte biologique, l’huile essentielle d’orange douce ne laissant aucun résidu après traitement, les auxiliaires floricoles peuvent être réintroduits en toute sécurité dès que les fleurs sont sèches.

Jérôme Jullien

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